lundi 10 décembre 2012

l'histoire

Il y avait sur la table une théière en fer et deux mugs de couleurs différentes. Je pense qu'il n'y a pas de café dans cette maison. Les cendriers étaient vides et nettoyés, le porte encens faisait son travail et par terre aucune traces de cendre... J'avais décider de prévoir une visite hebdomadaire afin de maintenir le lien et parce qu'à ma proposition, j'avais deviné l'esquisse d'un sourire et un léger affaissement des épaules... ce que je pris pour un oui. Ce n'est pas le genre de personne qui demande. Mais de celle qui apprécie. J'étais plantée devant un miroir datant d'au moins deux siècles et je senti dans mon dos son regard patient sur moi.
" il vient du couvent de St Joseph en Ardèche. Ma tante comme ma grand tante y ont fait leurs voeux. J'y ai, pour ma part passé tous mes étés de cinq ans à .... quinze, seize... Mes parents ne pouvaient pas s'occuper de moi durant cette saison pris par leurs travail."
elle s’assit dans un club usé et pris son mug, plongeant son regard qui se noya bien au delà du thé.
" ils n'ont eu de temps pour aucun de leurs trois enfants. Et encore, j'ai eu de la chance moi, je n'ai pas fait le yoyo entre pension et colonie comme mes ainés. mais il n'empêche... il ont trouvé une solution déculpabilisante : nounou dans le village en période scolaire et le couvent chez ma tante l'été... c'était, il pensait, moins dur. Je ne leur en veux pas. Ils ont fait ce qu'ils pensaient être le mieux pour moi et pour eux.
Alors je suis arrivée dans cette maison, ici, à deux mois et demi. Et j'y suis restée jusqu'à ce que je puisse restée seule chez mes eux, sans surveillance.
mais je revenais régulièrement car ma nounou était comme une grand-mère ou une tante. Je l’appelais tata Rosette. J'étais un peu son dernier enfant. Et je me sentais chez moi chez eux. C'était comme ma deuxième maison. Je passais pour le gouté, le week-end, pour mon anniversaire j'avais toujours une pièce ou un petit cadeau. Elle n'était pas très riche, son mari, tonton Roland faisait des petits travaux de maçonnerie et l'argent ne coulait pas à flot. Mais il y avait de l'amour, de l'intérêt, du temps accordé. On partait avec ses enfants et ses petit enfants dont j'avais que quelques années de plus à la pêche des journée entière, on faisait des ricochets avec les plus plats galets que l'on trouvait sur le bord de rivière... c'était une famille unie, soudée ou chacun avait sa place, un clan dont chacun était responsable de l'autre et où les décisions se discutait, les avis s’échangeait... "
Elle se lève pour chercher un cendrier plus grand, celui sur la table est presque plein déjà...
" sacrée femme de ménage... où me les a-t-elle encore fourrés ...? Rhaaa ... ha en voila un ! "
Ses doigts jaunis écrase un mégot et se dirige vers le paquet.
"Je suis revenue quelques fois en visite au hasard de ma vie... Roland est mort, la vielle femme résistait, impassible face aux temps, elle était arrière grand-mère et se maintenait dans son quotidien ordinaire entre ses courses à l'épicerie du village, les enterrements de copain de classe et sa petite famille qui grandissait avec quelques divorces, tracas, naissances etc etc ...  et puis un jour je trouvais régulièrement les volets fermés, la porte close... j'ai demandé donc des nouvelles à son fil ...
Rosette était malade, âgée, elle faisait des chutes à répétition et pour éviter le drame son fil l'a prise chez lui. Elle était heureuse de me revoir et me posait un tas de questions sur moi mes affaires, ma famille, mes amours ( mes amis, mes amours, mes emmerdes en d'autres termes ! ) et je répondait en criant, elle avait perdu l’ouïe au passage...
Lors d'une visite je lance la proposition : si vous vendez dites moi, je serais peut-être intéressée. Deux mois passent et un mot manuscrit dans la boite au lettre, à l'écriture polie et ancienne me demande d'appeler un numéro car Tata Rosette est d'accord pour vendre. L'affaire se discute rapidement et se conclue en famille.
J'ai appris plus tard qu'elle ne voulait pas vendre la maison de ses ancêtres a moins que ce soit un de ses petits enfants qui la rachette ou moi ...
alors je m'y suis installée, c'est devenu rapidement mon repère, mon antre, mon musée familial, mon musée tout court avec ces antiquités du siècle dernier "

Comme quoi, on peu trouver famille ailleurs que celle du sang... ça ferait une belle histoire à raconter aux petits enfants... mais je ne savais même pas si elle en avait un







6 commentaires:

  1. Je réalise seulement que tu as changé d'hébergeur... J'attendais une notification de post sur WP...
    Jolie histoire de liens, qui se tissent, que l'on crée ou dont on hérite, comme d'une famille.
    Bonne journée
    LO

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  2. non, je n'ai laissé de trace de mon déménagement nulle part... et je ne peux me résigner à fermer wp .... Sentimentale !!
    Merci. bonne journée également.

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  3. Donc si je comprends bien, tu es retournée vivre chez ta nounou ?:-)
    Ce nouveau cocon m'a l'air bien douillet et empreint de souvenirs qui le rendent sûrement encore plus chaleureux..
    J'ai toujours pensé que les liens du coeur sont inaltérables.. peut-être parce qu'ils nous renvoient à une part de notre vie la plus intime qui soit, celle que l'on s'est créée soi-même..

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  4. mhééééé non.... ( 'fin si, mais chut !! ;) ) " c'est l'histoire d'une vielle dame qui raconte si vie à une jeune femme qui vient lui rendre visite .... " faut que je fasse de groupe de textes, mais je ne sais pas faire .... :/
    cela dit ces liens là sont crées par le hasard de la vie et restent finalement les plus constants, surs, " éternels "... ce qui ne diminue pas pour autant les liens de sangs, mais ... on ne s'y attend pas en fait de se retrouver dans ce genre de situations. je te rejoins sur le fait qu'on décide de les maintenir ou pas... ici c'est le cas . :)
    BizBab :)

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  5. Les liens sont ceux que l'on se créés et comme tu le dit ils ne sont pas forcément ceux du sang...j'aime bien ton histoire.
    Bon comme ici, en France, je n'ai plus qu'un frère et une sœur, nous faisons en sorte de les fortifier ces liens...remarque il y a les enfants, les neveux et nièces et toutes les pièces rapportées finalement ça fait un certain nombre :-).
    Bises

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  6. c'est une grande famille que tu as finalement !! :)

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